La création du monde selon la mythologie chinoise

Comment le monde tel que nous le connaissons a-t-il émergé du chaos ? La mythologie chinoise propose plusieurs réponses à cette question fondamentale. Parmi les récits les plus fascinants, on retrouve ceux de Pangu et de Nüwa, deux figures mythiques qui ont joué un rôle crucial dans la création de l’univers et de l’humanité. Découvrez donc dans cet article, les deux mythes les plus connus sur la création du monde selon la mythologie chinoise.

La création du monde selon la mythologie chinoise et le mythe des Trois Souverains

La naissance de deux divinités

L’une des légendes les plus célèbres de la création du monde selon la mythologie chinoise met en scène deux figures mythiques : Fuxi et Nüwa. Ces derniers sont souvent considérés comme les créateurs de l’humanité et les fondateurs de la civilisation chinoise.

Selon la légende, lors d’une de ses baignades, une immortelle du nom de Xuaxu tombe sur une empreinte de pas gigantesque. Fascinée par cette découverte, elle décide de poser son propre pied dans l’empreinte. Étrangement, elle tombe enceinte quelque temps plus tard et donne naissance à deux enfants mi-humains, mi-serpents : Fuxi et Nüwa.

Fuxi, le garçon, est souvent représenté avec une équerre, un outil symbolisant le carré, la terre et le principe masculin du Yang. Il est considéré comme l’inventeur des huit trigrammes du Yi Jing, un système divinatoire et philosophique fondamental dans la culture chinoise. Nüwa, la fille, est quant à elle représentée avec un compas, symbolisant le cercle, le ciel et le principe féminin du Yin. On lui attribue la création des premiers humains en façonnant de l’argile, leur insufflant la vie et leur enseignant les techniques de base de la survie.

Fuxi et Nüwa sont donc vénérés comme les parents de l’humanité et les fondateurs de la civilisation chinoise. Ils auraient établi les premières règles sociales, inventé l’écriture, domestiqué les animaux et enseigné aux hommes l’agriculture et l’élevage. Leur histoire souligne l’importance de la dualité Yin et Yang dans la création du monde et dans la nature humaine.

Représentation de Nüwa et Fuxi
Représentation de Nüwa et Fuxi datant d’entre 1800 et 1900

La naissance des humains dans la mythologie chinoise

C’est Nüwa qui, face à la solitude, conçut l’idée de peupler la terre. Elle se rendit près d’un étang et, de ses mains divines, façonna des créatures à partir de l’argile jaune qu’elle y trouva. Ces premières créatures, dotées d’une intelligence rudimentaire, étaient les ancêtres de l’humanité.

Mais la création était lente et laborieuse. Impatiente, Nüwa décida d’accélérer le processus. Trempant une corde dans la boue, elle la secoua vigoureusement, faisant ainsi jaillir de nombreuses petites créatures. Celles-ci, façonnées plus rapidement et de manière moins délicate, devinrent les ancêtres des populations rurales et des classes sociales moins élevées. Les créatures façonnées à la main, quant à elles, seraient à l’origine des nobles et des élites.

Ainsi naquit l’humanité, mais elle était encore naïve et démunie. Les hommes et les femmes ne savaient ni chasser, ni cultiver, ni même se protéger des éléments. C’est pour remédier à cette situation que les trois premiers souverains, Fuxi, Nüwa et Shennong, entrèrent en scène.

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L’éducation de l’humanité

Fuxi et Nüwa, les créateurs de l’humanité, ne s’arrêtèrent pas là. Ils enseignèrent à leurs enfants les premières techniques de survie. Fuxi, avec son équerre, leur montra comment construire des abris et des outils, et leur apprit les techniques de la chasse et de la pêche. Il inventa également l’écriture, permettant ainsi aux hommes de transmettre leurs connaissances et leur culture de génération en génération. Avec sa sœur, il créa la flûte, un instrument de musique utilisé pour rendre hommage aux dieux et célébrer les événements importants.

Après un règne de 120 ans, Fuxi et Nüwa cédèrent leur place à Shennong, le divin laboureur. Fils d’une immortelle, Shennong était à moitié humain, à moitié bœuf, ce qui lui conférait une force et une endurance exceptionnelles. Il poursuivit l’œuvre de ses prédécesseurs en perfectionnant l’écriture et le calcul. Mais c’est surtout dans le domaine de l’agriculture qu’il excella. Il inventa la charrue, permettant ainsi aux hommes de cultiver la terre plus efficacement. Il enseigna aussi aux hommes l’art de la médecine, en goûtant à de nombreuses plantes pour en découvrir les vertus thérapeutiques. Malheureusement, dans sa quête de connaissances, Shennong finit par absorber une plante vénéneuse et mourut. Son règne dura également 120 ans.

Ces trois souverains, Fuxi, Nüwa et Shennong, sont considérés comme les fondateurs de la civilisation chinoise. Ils ont non seulement donné naissance à l’humanité, mais lui ont également transmis les connaissances et les compétences nécessaires pour se développer et prospérer.

La création du monde selon la mythologie chinoise et le mythe de Pangu

Le chaos primordial et l’éclosion de l’univers

Plus récents que celui des Trois Souverains, ce mythe se centre autour d’un personnage unique : Pangu.

Dans les profondeurs de la nuit des temps, avant même que le temps n’existe, régnait un chaos primordial. Ciel et terre étaient indissociables, formant un œuf cosmique immense. C’est au cœur de cet œuf qu’émerge Pangu, le premier être, le géant cosmique qui allait façonner l’univers.

Selon la légende, Pangu naquit d’une énergie primordiale, une force créatrice pure et puissante. Il grandit à l’intérieur de l’œuf cosmique durant 18 000 ans, s’étirant et se développant jusqu’à ce qu’il atteigne une taille gigantesque. Impatient de découvrir ce qui se trouvait au-delà de son cocon, il frappa l’enveloppe de l’œuf de sa hache, le coupant en deux.

La partie supérieure, légère et pure, s’éleva pour former le ciel, tandis que la partie inférieure, dense et trouble, s’affaissa pour donner naissance à la terre. Mais Pangu craignait que le ciel et la terre ne se rejoignent à nouveau, alors il se tint debout, les pieds fermement plantés sur la terre et la tête touchant le ciel. Il passa dix-huit mille ans à pousser le ciel vers le haut et la terre vers le bas, créant ainsi l’espace que nous connaissons.

Mythologie chinoise Pangu
Représentation de Pangu datant de 1914

La mort de Pangu et la formation du monde

Au terme de ce travail titanesque, Pangu, épuisé, s’effondra. Mais sa mort ne fut pas la fin, bien au contraire. Son corps gigantesque se transforma et donna naissance à toutes les merveilles de l’univers :

  • Son souffle devint le vent et les nuages, animant le ciel et insufflant la vie dans toutes les créatures.
  • Sa voix puissante se transforma en tonnerre, annonçant les tempêtes et les changements de saisons.
  • Ses yeux brillants devinrent le soleil et la lune, éclairant le jour et la nuit et régulant les cycles naturels.
  • Ses membres massifs se métamorphosèrent en montagnes, formant les reliefs de la terre et servant de refuge pour les animaux.
  • Son sang coula pour former les rivières, les lacs et les océans, irriguant la terre et nourrissant toute vie.
  • Ses cheveux se dispersèrent dans le ciel, devenant les étoiles qui scintillent la nuit.
  • Sa sueur tomba en pluie, fertilisant la terre et permettant à la végétation de pousser.
  • Ses puces deviennent les animaux, les plantes, les esprits, les fantômes et les humains.

L’origine du concept de Yin et de Yang

Le mythe de Pangu et de l’œuf cosmique est intimement lié à un concept fondamental de la philosophie chinoise : le Yin et le Yang. Cette notion dualiste représente les deux forces opposées et complémentaires qui régissent l’univers. Le Yin et le Yang ne sont pas des entités séparées, mais deux aspects d’une même réalité, toujours en interaction et en équilibre.

Dans le contexte de la création du monde, l’œuf cosmique symbolise cette dualité primordiale. Lorsque Pangu fend l’œuf, il sépare les deux forces originelles :

  • Le Yin : Associé à la terre, à l’obscurité, au froid, au passif et au féminin, le Yin émerge de la partie inférieure, plus dense et plus lourde de l’œuf. C’est la force réceptive, nourricière et créatrice.
  • Le Yang : Représentant le ciel, la lumière, la chaleur, l’actif et le masculin, le Yang naît de la partie supérieure, plus légère et plus chaude de l’œuf. C’est la force dynamique, expansive et transformatrice.

Paradoxalement, c’est l’élément chaud et léger de l’œuf, le ciel, qui va donner naissance à l’élément mâle, le Yin. De même, l’élément plus froid et plus lourd de l’œuf, la terre, va donner naissance à l’élément femelle, le Yang. Cette inversion apparente souligne la complexité et l’interdépendance des deux forces.

Ainsi, la création du monde selon le mythe de Pangu n’est pas seulement une séparation physique entre le ciel et la terre, mais aussi une manifestation de la dualité cosmique Yin et Yang. Cette dualité se retrouve dans tous les aspects de l’univers : le jour et la nuit, le chaud et le froid, le masculin et le féminin, etc.

Des mythes primordiaux pour la culture chinoise

Les mythes sur la création du monde selon la mythologie chinoise ont profondément marqué la culture. Ils ont façonné la vision du monde des Chinois, influençant leur philosophie, leur art, leur littérature et leurs pratiques religieuses. Ces récits, transmis de génération en génération, ont contribué à forger une identité collective et à renforcer les liens entre les individus et leurs ancêtres. Aujourd’hui encore, ces mythes continuent de fasciner et d’inspirer, témoignant de la richesse et de la complexité du patrimoine culturel chinois.

Sources

  • Livre « Les naissances du monde, mythologie égyptienne, chinoise, romaine, indienne et les héros grecs »
  • Université de Toulouse
  • China Culture.org
  • Encyclopedia Britannica

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